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Collège « choc des savoirs » ou réforme en profondeur !

Pour masquer le manque de moyens criant qui caractérise le système éducatif français et avec l’annonce du « choc des savoirs », G. Attal lance en fait une profonde réforme du collège : groupes de niveaux généralisés avec mise en place de parcours adaptés, révision de l’ensemble des programmes intégrant une caporalisation des pratiques pédagogiques et l’utilisation de l’IA pour la remédiation ainsi que la relance des redoublements.

Groupe de niveau du tri social :

Après l’éclatement du groupe classe au lycée, la réforme du collège prend la même direction en généralisant les groupes de niveau en mathématiques et en français. Certains élèves « pourraient bénéficier d’une scolarité aménagée : le volume horaire de ces disciplines [mathématiques et français] pourra être sensiblement augmenté, avec une réduction temporaire de cours dans d’autres disciplines ». Au-delà des craintes pour les postes des disciplines concernées dont l’EPS, cela priverait certains élèves de disciplines jusque-là obligatoires, les assignant très tôt à une filière pour les nuls. Séparer les élèves aussi jeunes ne pourra que nourrir chez eux du ressentiment, au quotidien dans des groupes et des classes où il sera difficile de maintenir la discipline. Ces groupes de niveau imposeront aussi une refonte complète des emplois du temps avec des alignement de classes. On peut craindre, comme au lycée, que cette complexification se fasse au détriment des plages actuellement utilisées pour l’association sportive.

Caporalisation des pratiques pédagogique et introduction de l’IA.

Avec les nouveaux programmes collège prévus pour 2025, le ministre prévoit de « certifier scientifiquement » certains manuels. En bridant ainsi la liberté pédagogique des enseignants, le ministre tend à transformer les professeurs en techniciens qui appliqueraient des procédures prescrites permettant de limiter leur salaire et validant l’embauche de contractuels moins formés. L’utilisation de l’IA pour « aider » les professeurs de langues va dans le même sens avec une dépossession de leur expertise au profit des machines. Les enseignants pourront ainsi utiliser des IA génératives pour la différenciation pédagogique (A1-A2), les approches métacognitives et l’évaluation formative (B1-B2), et la créativité ainsi que le dépassement de soi (C1-C2).

Casser le tabou du redoublement pour masquer les vrais problèmes

Le ministre déclare vouloir « casser le tabou » du redoublement. Or cela n’en a jamais été chez les enseignants bien conscients qu’il ne résout que rarement les difficultés des élèves mais aussi que le passage systématique d’élèves en grande difficulté sans dispositif d’aide dans des classes surchargées n’a aucun sens. De toute façon la multiplication des redoublements coûterait bien trop cher pour être massifié par le ministre. Il précise d’ailleurs que le passage pourrait être conditionné à la participation de l’élève à un « stage de réussite » à la fin des vacances d’été. Ce dispositif, moins onéreux, sera sans doute préféré. Ce n’est pas en deux semaines que les difficultés accumulées par l’élève seront résolues.

Et si on faisait autrement ….

Le SNEP et la FSU rappelle que pour améliorer la réussite des élèves on devrait casser plutôt le tabou du nombre d’élève par classe. La France se classe dernière des pays de l’OCDE en primaire avec 22 élèves par classe (19 pour l’OCDE) et au collège avec 26 élèves par classe (21 pour l’OCDE). Mais le ministre préfère regarder ailleurs, pas nous !