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Danger, fin de la formation continue dès 2023 ?

Les menaces actuelles sur la formation continue constituent une attaque majeure contre nos métiers.

En faisant la traque à la moindre heure de cours perdue et en envisageant le transfert des formations hors du temps de service, c’est-à-dire le soir, le mercredi après-midi ou pendant les vacances, le rectorat relègue la formation continue des collègues à une activité annexe et secondaire. Au contraire, le SNESFSU, le SNEP-FSU et le SNUEP-FSU ont toujours défendu l’existence d’une offre de formation continue de qualité, sur temps de service.

Les convocations émanant de l’EAFC-DIFOR mentionnent depuis la rentrée que « la présence à cette formation ne doit pas entraîner de diminution du temps d’enseignement dû aux élèves ». La décision est brutale et conditionne le droit à la formation à un « remplacement » du pacte ou à un placement de la formation sur les temp libres. Dans ces conditions, c’est bien la mort de la formation continue et particulièrement celle de l’EPS qui est en train de se jouer dans notre académie et en France.

Dans ce contexte, le SNEP et la FSU ont participé jeudi 28/09 au groupe de travail consacré au PRAF 2023-2024 et à la « diversification des modalités et de la temporalité du déploiement des formations ». Les syndicats de la FSU ont rappelé en préambule leur attachement à une Formation Continue de qualité qui enrichit nos pratiques professionnelles et nos enseignements disciplinaires. Cette Formation Continue doit faire pleinement partie de notre temps de travail, et non empiéter sur notre temps libre, puisqu’elle s’inscrit dans une démarche professionnelle. La Formation Continue doit être un droit pour tous les collègues, dans le respect de nos conditions et de notre temps de travail, comme de ceux des formatrices et formateurs.

En annonçant d’emblée que l’objectif de l’Académie de Normandie était de ré-organiser les formations pour qu’elles ne soient plus qu’à 50% sur les temps de « face-à-face pédagogique » (quelle affreuse expression pour désigner la réalité de nos métiers !), le rectorat fait sienne la vision éculée et dégradante de nos métiers, l’image des enseignant·es qui ne travaillent pas assez, ou pas vraiment à temps plein, l’idée qu’enseigner n’est pas un métier qui s’apprend. Et en mettant en avant l’hybridation des formations et un recours accru au distanciel, le rectorat prétend dans le même temps que la formation des enseignant·es peut se réduire à des tutoriels qu’on regarderait le soir, après sa journée de cours et avant sa soirée de correction. Quel mépris pour nos métiers !

Les convocations émanant de l’EAFC-DIFOR mentionnent depuis la rentrée que « la présence à cette formation ne doit pas entraîner de diminution du temps d’enseignement dû aux élèves ». Nous avons d’abord rappelé que la plupart des heures de cours manquées par les élèves étaient dues à la pénurie d’enseignants qui empêche le remplacement de nombreuses absences longues. Le volume d’absences généré par la formation est dérisoire dans la scolarité d’un élève – et d’ailleurs, nul n’a su nous répondre sur le nombre d’heures de cours que cela représentait réellement dans l’Académie !

Pour autant, conditionner la formation d’un collègue à son éventuel remplacement ou rattrapage d’heures n’est pas admissible. Et l’on a osé nous répondre que cette phrase n’était pas une injonction, mais plutôt une incitation à réfléchir, mais qu’elle était sans doute « trop intellectuelle » (sic). Une nouvelle manifestation de la « pensée complexe » chère au gouvernement que, décidément, nous, pauvres enseignant·es ne parvenons pas à comprendre !

A aucun moment de cet échange, le rectorat n’a pu nous garantir que les collègues auraient accès aux formations si leurs heures de cours étaient annulées : c’est bien notre droit à la formation qui est directement menacé.

Nous avons également interrogé le rectorat sur l’organisation des formations hors temps de service, puisque, pour suivre les recommandations ministérielles, cela doit désormais représenter 50% du temps de formation. Nous avons relayé la colère des formatrices et formateurs, mis devant le fait accompli, leur désarroi d’avoir préparé des formations qui, pour l’instant, sont compromises. Le rectorat n’a, à ce sujet non plus, pas pu formuler des consignes claires, refusant de répondre à nos questions sur la communication faite aux collègues.

Face à l’absence de réponses claires sur le respect de notre temps et de notre charge de travail, les représentant·es de la FSU ont préféré quitter la séance. Ils et elles ont rappelé que ces attaques contre la formation constituaient en réalité une attaque majeure contre nos métiers. En considérant que la formation peut avoir lieu en plus de nos heures de travail, le soir, le mercredi après-midi et/ou pendant les vacances scolaires, le rectorat entretient l’image que les enseignant·es disposent de temps en plus de leur travail (lequel ? puisque les études de la DEPP estiment notre temps de travail à 43 heures hebdomadaires !). Cela nie tout le travail de préparation, de correction, d’échange avec nos pairs qui occupent une part importante de notre temps de travail et véhicule l’idée que nous ne travaillons pas vraiment quand nous ne sommes pas face aux élèves.

Le SNEP et la FSU appelle dans un premier tous les formateurs à refuser de dispenser des formation le mercredi après-midi, le samedi, le soir ou pendant les vacances scolaires.

Nous appelons l’ensemble des enseignants à diffuser l’information aux enseignants et aux parents sur ces attaques sans précédents sur la formation continue, à se réunir en heure d’information syndicale pour décider des suites à donner.

Devant la brutalité de l’attaque, la FSU s’organise pour proposer assez rapidement d’autres actions de mobilisation aux collègues.