Budget 2025 des lycées normands : alerte sur les crédits dédiés à l’enseignement !
A partir de la mi-novembre, le conseil d’administration de chaque établissement va se réunir pour étudier le budget 2025. Ce dernier est établi à partir des recettes prévues pour l’année 2025, recettes qui dépendent principalement de la dotation de l’état et de la dotation globale de fonctionnement (DGF) allouée par la Région Normandie.
Le montant de cette DGF est calculé à partir de 2 critères :
- la part « enseignements » basée sur le nombre d’élèves inscrits dans l’établissement à la rentrée 2023 et doit permettre son fonctionnement pédagogique ;
- la part « bâtiments » qui dépend de la surface de l’établissement et doit permettre d’assurer la viabilisation, l’entretien et la maintenance des locaux.
Le tableau situé à la fin de cet article recense l’évolution de la part « enseignements » et de la part « bâtiments » pour chaque lycée de l’académie.
En raison de l’augmentation du coût de l’énergie depuis plusieurs années, le montant de la part « bâtiments » est en hausse dans la majorité des établissements. Il est cependant à noter, que contrairement aux années précédentes, la région Normandie précise que cette dotation doit permettre à l’établissement de couvrir toutes ses dépenses (notamment celles liées à la viabilisation) et qu’elle n’a pas vocation à être complétée.
En revanche, la part « enseignements » est en diminution dans la quasi-totalité des lycées y compris dans ceux qui enregistrent une hausse du nombre d’élèves accueillis. Dans les établissements dont le nombre d’élèves a diminué, la baisse de la part « enseignements » se situe le plus souvent dans une proportion bien supérieure à la baisse démographique. Ainsi, à l’échelle de l’académie, une diminution de 931 élèves accueillis (-0,94 %) entraîne une diminution de la part enseignement de 1 298 394 € (-7,03 %). Dans de nombreux lycées, cela se traduira par une baisse des crédits pédagogiques et / ou une diminution des crédits alloués aux sorties et voyages scolaires lors de l’année scolaire 2025, pouvant ainsi en réduire le nombre.
La FSU dénonce la décision de la région Normandie de baisser les crédits d’enseignements alloués aux lycées publics (au niveau académique, la part « enseignements » attribuée par élève est en baisse de plus de 6 %). Ce choix politique est d’autant plus inacceptable quand on sait que depuis 2017, la région Normandie a multiplié par deux la dotation moyenne par élève de l’enseignement privé (source médiapart aout 2024) qui, contrairement à l’enseignement public, dispose de sources de financement complémentaires (frais d’inscription des familles, dons et parfois mécénat). L’argent public doit aller à l’école publique et cette dérive est scandaleuse !
Contexte de construction du budget
Depuis plusieurs années, les Collectivités Locales (Communes, Départements et Régions) subissent les conséquences des « réformes des Collectivités Territoriales » (Loi MAPTAM en 2014, loi NOTRE en 2015). Le volet budgétaire de ces réformes a entrainé des baisses permanentes de la Dotation Globale de Fonctionnement (DGF) attribuée par l’Etat et impactent ainsi directement le développement des Services Publics et de l’action sociale dont les collectivités ont la responsabilité. L’évolution de la DGF dans les projets de loi de finances révèle ainsi une baisse de 34% entre 2013 et 2025 (41,5 milliards d’euros en 2013 [1] à 27.24 milliards d’euros pour 2025[2]).
De plus, le Projet de Loi de Finances (PLF) 2025 prévoit une baisse de recettes de 5 milliards d’euros pour les Collectivités Territoriales. C’est une cure d’austérité insupportable. Nous refuserons que nos élèves paient le coût de ces choix irresponsables, car d’autres solutions existent pour permettre le développement des Services Publics.
Par ailleurs, la libéralisation du marché de l’énergie depuis les années 1990 en Europe entraine une explosion des coûts de fonctionnement pour les collectivités. En effet, le « dogme du marché » a fait grimper le prix de l’électricité alors que son coût de production en France est resté relativement stable.
Enfin, si l’inflation ralentit en 2024 à 1.10% selon l’Insee, elle doit être prise en compte.
Situation économique
Au niveau économique, il est possible d’investir massivement pour le Service Public d’Education, ce n’est pas l’argent qui manque : la France est « championne d’Europe » pour le versement de dividendes et conforte sa place de leader européen en la matière[3]. L’accumulation de richesse par les grandes fortunes s’accélère en France. L’argent détenu par les 500 familles les plus riches a dépassé est de 1 200 milliards d’euros en 2024 (Challenges, 2024). Au regard du PIB, la fortune des 500 familles représentait 6% du PIB français en 1996, 20% en 2017 et 45% en 2024 !
La commission des finances à l’Assemblée Nationale a d’ailleurs fait la démonstration qu’il était possible de « trouver 60 milliards d’euros » (montant demandé par le Premier Ministre) sans s’en prendre aux Services Publics (Collectivités Territoriales et ministères). Une meilleure répartition des richesses est donc possible… Et souhaitable pour l’avenir des établissements publics.
Lors de la tenue du CA sur le budget, la FSU appelle les personnels à informer les représentants des élèves et des parents d’élèves de cette situation, à interpeller les représentants de la Région sur cette baisse des crédits dédiés à l’enseignement et à en dénoncer les conséquences, par exemple à l’aide d’une motion (voir à la fin de cet article un modèle à adapter en fonction de la situation du lycée).
La FSU appelle les personnels à voter contre tout budget prévoyant une baisse inacceptable des crédits pédagogiques et / ou une restriction du nombre de sorties et voyages.